vendredi 28 novembre 2014

Le film du vendredi - O filme da sexta feira (16)

LA MÔME PIAF




La Môme – ou La Vie en rose dans de nombreux pays – est un film biographique français réalisé par Olivier Dahan et sorti en 2007. Le film, qui retrace la vie d'Édith Piaf, incarnée par Marion Cotillard, a remporté deux Oscars (faisant de Marion Cotillard la première actrice française à remporter l'Oscar de la meilleure actrice pour un long métrage entièrement tourné en français), quatre BAFTA, cinq César, trois Lions tchèques et un Golden Globe.
De nombreuses parties de la vie d'Édith Piaf sont abordées, telles que son enfance, sa gloire, ses amis, ses coups de gueule, ses joies et ses peines, ses succès et les drames de sa vie, sa disparition, etc.


Synopsis

Le film suit une structure narrative non linéaire rapportant les événements clefs de la vie d’Édith Piaf. On comprend petit à petit que c'est une série de souvenirs qu’Édith a eu peu avant de mourir.
Tout commence avec Édith, âgée de quelques années en 1918, en pleurs dans une rue de Paris après que d'autres enfants se soient moqués d'elle. Quelques mètres plus loin, sa mère chante pour essayer de gagner sa vie. Cette dernière écrit à son mari, Louis Gassion, envoyé sur le front, qu'elle va partir poursuivre sa carrière en laissant Édith à sa grand-mère maternelle. Louis Gassion, alors qu'il rentre à Paris, trouve Édith très malade faute de soins; il la confie donc à sa propre mère, gérante d'une maison close en Normandie, avant de disparaitre. Une des prostituée, Titine (Emmanuelle Seigner), prend la petite Édith sous son aile et s'en occupe comme si elle était sa fille. À cette époque, Édith perd momentanément la vue à cause d'une kératite, qui est guérie suite aux prières adressées à sainte Thérèse de Lisieux.


Après plusieurs années d'absence, son père vient la chercher et l'emmène de force pour l'aider dans le cirque où il est lui-même acrobate. Un soir, Édith voit dans les flammes d'un cracheur de feu une apparition de sainte Thérèse, qui lui promet de toujours lui apporter son aide. Cet évènement est à l'origine des prières qu’Édith adressera jusqu'à la fin de sa vie à la sainte. Seulement peu de temps après, le père d’Édith quitte le cirque après une dispute. Il décide de poursuivre sa carrière de contorsionniste seul avec sa fille à Paris. Lors d'une représentation, un passant demande à voir l'acrobatie de la petite. Poussée par son père, Édith chante alors La Marseillaise, captivant l'audience avec sa voix.
Plusieurs années après, Édith chante toujours dans les rues de Montmartre pour gagner sa vie, à présent accompagnée de son amie Momone (et souvent de bouteilles d'alcool). C'est ainsi qu'elle est approchée par Louis Leplée (Gérard Depardieu), qui lui propose de l'engager pour chanter dans son cabaret. C'est aussi lui qui est à l'origine de son surnom: la Môme Piaf. Mais bientôt Leplée est retrouvé mort, et Édith est suspectée à cause de ses mauvaises fréquentations. Dès lors, elle est huée par la foule lors de ses représentations. Tout devient encore plus difficile pour la jeune artiste quand son amie Momone est emmenée de force dans un établissement de jeunes filles sur ordre de sa mère. Seule, Édith contacte Raymond Asso, un compositeur qui lui avait proposé ses services auparavant. Ce dernier lui fait travailler sa technique vocale (notamment l'articulation), mais lui enseigne aussi à placer ses mains lorsqu’elle chante.


À New York, Édith rencontre Marcel Cerdan, un boxeur français dont elle s'éprend rapidement, bien qu'il soit marié. Elle le persuade de revenir la voir à New York, ce qu'il fait. Alors qu'elle pense prendre le petit déjeuner à ses cotés, elle remarque les visages affolés de son entourage, et finit par comprendre que l'avion de Marcel s'est écrasé.
Le film alterne alors les derniers moments de sa vie et ses souvenirs. Un de ces souvenirs la montre batailler pour continuer à chanter alors que son corps est trop fatigué. On la voit aussi prendre de la drogue en compagnie d'un jeune amant. Son mari, Jacques Pills, la persuade alors de faire soigner son addiction. Elle redevient alors le centre d'attention des fêtes en faisant toujours rire son entourage, même lorsqu'elle a un accident de voiture et fonce dans un arbre. Cette scène résume tous ses efforts pour amuser les autres malgré les difficultés qu'elle endure.
Des années plus tard, un nouveau compositeur lui présente Non, je ne regrette rien, ce qui décide Édith à chanter à l'Olympia malgré les conseils de ses proches qui s'inquiètent de sa santé. Cette dernière performance, pendant laquelle elle s'évanouit, semble la hanter. À l'âge de 47 ans, Édith, malade et fatiguée, est portée dans son lit. Elle a peur et dit qu'elle ne parvient pas à se souvenir de tout, que seuls quelques fragments de sa vie lui reviennent. Sa mort n'est pas montrée à l'écran, et le film se termine par la performance de la chanteuse à l'Olympia, interprétant Non, je ne regrette rien.

Trailer (en français) :



Le lieu du jeudi - O lugar da quinta feira (16)

LA DUNE DU PILAT




La dune du Pilat ou du Pyla, située en bordure du massif forestier des Landes de Gascogne sur la côte d'Argent à l'entrée du bassin d'Arcachon, est la plus haute dune d’Europe (hauteur actuelle : 110 m).

Situation

Située à l'entrée sud du bassin d'Arcachon, elle s'étend sur 500 m d'est en ouest et sur 2,7 km du nord au sud et contient environ 60 millions de mètres cubes de sable. Elle dépend du territoire de la commune française de La Teste-de-Buch, à proximité d'Arcachon, au cœur des Landes de Gascogne.
Son altitude varie constamment, tout en oscillant aux environs de 100 à 117 mètres au-dessus du niveau de la mer. La pente est plus forte côté forêt que côté océan. La dune avance inexorablement vers l'intérieur du pays et recouvre peu à peu les constructions (maisons, routes) côté forêt, après avoir fait chavirer dans les flots plusieurs fortifications de béton construites sous l'occupation par l'organisation Todt, dans le cadre de l'édification du mur de l'Atlantique.


Historique

L'emplacement actuel de la Dune du Pilat abritait un village protohistorique. Les premières découvertes archéologiques commencent en 1982. Le 31 décembre 2013, un touriste trouve dans le sable, au pied de la dune, une urne funéraire et un vase accessoire datant de l'âge du fer, 800 ans avant Jésus-Christ. Des fragments de poterie datant de l'âge du fer, aux « Salines du Pilat » ont été découverts entre douze et quinze mètres de haut, sur le côté ouest de la dune.
Le nom Pilat, déjà présent sur les cartes de Masse (1708) et de Cassini (1786) avec le « petit bassin du Pilat », les « balises du Pilat », des « cabanes du Pilat » et la « grande passe du Pilat ou passe du Sud », correspondait à un lieu situé plus au sud de celui de la dune que nous connaissons sous ce nom et vraisemblablement au large de la côte actuelle. Nous sommes ici dans un pays de dunes mobiles et au fil du temps, le littoral et son relief ne cessent de se modifier, avançant vers l'est, vers l'intérieur des terres. Jusqu'au début du xxe siècle, le secteur du Pilat s'appelle « les Sabloneys » (littéralement « sables nouveaux » en gascon) et aucune route carrossable n'y mène.
Ce changement d'appellation a pour origine une opération immobilière. Lorsque vers 1910, le développement de l'habitat opéré sur la partie côtière de la commune d'Arcachon atteint le sud du Moulleau, les promoteurs immobiliers qui convoitent des terrains sur la partie testerine qui prolonge la côte vers le sud, sont confrontés à un problème de taille : le territoire appartient à l'État qui ne veut pas vendre. En 1913, un de ces promoteurs, Daniel Meller, propose alors et obtient de l'administration une transaction : en échange de 463 hectares de terrain qu'il achète sur la commune de La Teste (sur les bords du lac de Cazaux), il obtient 143 hectares entre Le Moulleau et la dune du Pilat. En référence à la grande dune voisine qui forme un monticule de sable, il choisit de baptiser l'endroit « Pyla-sur-Mer ». Il crée la « Société Civile Immobilière de Pyla-sur-Mer » dans le but d'ériger « une ville dans la forêt ».


En 1928, un autre promoteur, Louis Gaume, crée « La société du Pilat-Plage » avec la Corniche, un ancien relais de chasse devenu lieu de villégiature privilégié des aristocrates et de la bourgeoisie où il construit de nombreuses maisons de style néo-basque8. C'est à peu près vers les années 1930 que le vieux nom « Sabloney » est remplacé par « dune du Pyla » ou « dune du Pilat ». Aujourd'hui, « les Sabloneys » désigne une petite plage au sud de la grande dune.
Le nom officiel de la dune est « Dune du Pilat ». La dénomination d'origine provient du gascon pilòt signifiant tas, monticule.
Elle a été classée Grand Site National en 1978.

Formation


La formation de la dune est entièrement liée à celle du banc d'Arguin. Au fil des siècles, les courants marins ont charrié du sable (en provenance du large, de la côte, et du bassin lorsque la marée descend) pour former le banc d'Arguin (lequel est, à l'instar de la dune, en constante évolution). Ensuite, les vents violents en provenance du large arrachent à sa surface, avec l'aide de micro gouttelettes d'eau, des grains de sable au banc d'Arguin au moment de la marée basse, qui en s'envolant viennent se poser sur la dune pour former cette gigantesque masse de sable fin.
Sur le versant ouest de la dune, on trouve quatre paléosols majeurs (anciens sols fossilisés): à la base de la dune, un ancien podzol (- 3500 ans avant J-C), puis trois paléosols dunaires principaux (datés entre - 3000 ans avant J-C et nos jours). On trouve aussi des paléosols mineurs, des niveaux lacustres et plusieurs milliers de niveaux à minéraux lourds.
Il y eut d'abord, après la dernière période glaciaire, une forêt de pins sylvestres, noisetiers, bouleaux, aulnes et saules, caractéristiques d’un climat froid et continental. Au boréal atlantique et sous-boréal, une dune de trois à quatre mètres de haut, retenait des marais et un étang ; tout au long de la transgression flandrienne, les sables s'accumulèrent et les marais disparurent sous les dunes paraboliques de vingt à quarante mètres de haut, pendant que la forêt usagère de la Teste se développait sous un climat plus humide.



Aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec l’arrivée massive de sable sur le littoral, les dunes modernes ont enseveli, sous cinquante à soixante mètres de sable, les anciennes dunes paraboliques, pour devenir la grande « dune de la Grave ». Le sable continua d’arriver et de converger vers la dune de la Grave. À la fin du xixe siècle, la dune de la Grave enfouie par 20 à 30 m de sable, atteint 115 m vers 1910 et prend le nom de dune du Pilat. L’édification de la Grande dune du Pilat s’est faite entre 1826 et 1922 alors que le trait de côte a reculé de plus de 500 m. La végétation qui recouvrait le versant au vent de la dune de la Grave a été détruite, permettant le vannage et le transport des sables vers le sommet de la dune.

mercredi 26 novembre 2014

Le personnage du mercredi - A personagem da quarta feira (16)

PHILIPPE IV LE BEL




Philippe IV de France, dit « Philippe le Bel » ou le roi de fer (né à Fontainebleau en avril/juin 1268 – mort à Fontainebleau le 29 novembre 1314), fils de Philippe III de France (1245-1285) et de sa première épouse Isabelle d'Aragon, fut roi de France de 1285 à 1314, onzième roi de la dynastie des Capétiens directs.
Devenu roi à l'âge de dix-sept ans, à la mort de son père en octobre 1285, Philippe le Bel est considéré comme un monarque important par les historiens.
Sous son règne, le royaume de France atteignit l'apogée de sa puissance médiévale. Il était, avec plus de treize millions d'habitants, l'État le plus peuplé de la Chrétienté ; il connaît une grande prospérité économique ; le pouvoir royal accomplit de nombreux progrès, si bien qu'on voit dans Philippe IV, entouré de ses « légistes », le premier souverain « moderne » d'un État puissant et centralisé.
Et pourtant, d'autres constatations modifient cette vision de Philippe le Bel. De nombreuses mutations monétaires (dévaluations ou même, plus rarement, réévaluations) manifestent un profond malaise économique ; à la fin du règne, le déclin des foires champenoises concurrencées par le commerce maritime direct de l'Europe du Nord avec l'Italie, et, peu de temps après la mort du roi, la grande famine de 1315-1317, contribuent à entretenir une impression d’instabilité économique.
Plusieurs procès et scandales, privés ou politiques, entourent la figure de Philippe IV d'une aura douteuse. Sont souvent cités le procès de l’évêque de Troyes, Guichard, accusé d'avoir tué la reine par sorcellerie, le procès de l'évêque de Pamiers, Bernard Saisset, qui ne fit qu'aggraver les démêlés du roi avec le Saint-Siège, ou encore l'emprisonnement des brus du roi et l'exécution de leurs amants, mais surtout le célèbre procès des Templiers.


Enfin, Philippe IV reste un roi énigmatique, et les opinions à son sujet sont partagées. A-t-il été lui-même l'instigateur de la politique royale française de l'époque ou un roi indécis dirigé par ses conseillers et ministres ? Les chroniqueurs contemporains, pour la plupart hostiles aux aspects économiques et centralisateurs de la politique royale de Philippe le Bel, penchèrent pour la seconde hypothèse et firent du « roi de fer » un souverain mal conseillé. Selon d'autres avis, Philippe IV était un roi connaissant mal son royaume et incapable d'en maîtriser l'étendue.
Hormis ces incertitudes, Philippe le Bel est souvent entrevu comme un roi qui n'est plus celui du Moyen Âge « classique ». Bien qu'il ait été reconnu comme un souverain pieux et que son gouvernement ait continué l'évolution vers la centralisation de l'État amorcée un siècle plus tôt, bien qu'il ait eu une vénération spéciale pour son grand-père Louis IX dont il obtint la canonisation en 1297, Philippe IV apparaît comme un roi symbole d'une rupture avec le passé. Ses contemporains déplorèrent les détériorations survenues depuis « le temps de monseigneur Saint-Louis », considéré comme le bon temps ; on pressentit ainsi qu'avec ce roi d'un nouveau type, annonciateur d'une autre époque. Il ne faut pas cependant exagérer la « modernité » de Philippe le Bel.

(Sculpture de Sofi Waast, 2004)

Biographie

Philippe IV le Bel est le second fils de Philippe III le Hardi, après Louis (1264-1276). Il a deux frères utérins cadets, Robert (1269 - av. 1276) et Charles de Valois, comte de Valois. Par le remariage de son père, il a, en outre, trois autres frère et sœurs : Louis, comte d'Évreux, Marguerite de France qui épouse en 1299 Édouard Ier roi d'Angleterre et Blanche (1278-1306), qui épouse en 1300 Rodolphe III, duc d'Autriche.
Son père confie une partie de l'éducation du jeune Philippe à Guillaume d'Ercuis, son aumônier. À la différence de son père, Philippe le Bel reçoit par le soin de son précepteur une bonne éducation. Il comprend le latin et aime étudier.
Le 6 janvier 1286, à la cathédrale de Reims, Philippe IV le Bel est sacré et couronné par l'archevêque Pierre Barbet.

 (Le roi et ses enfants)

Personnalité

Surnommé par ses ennemis tout comme par ses admirateurs le « roi de marbre » ou « roi de fer », il se démarque par sa personnalité rigide et sévère. L'un de ses plus farouches opposants, l'évêque de Pamiers Bernard Saisset, dit d'ailleurs de lui : « Ce n'est ni un homme ni une bête. C'est une statue. » Philippe le Bel fut un roi qui souleva au cours de son règne beaucoup de polémiques, le pape Boniface VIII le traitant par exemple de « faux-monnayeur ».

Procès de l'ordre du Temple

Le procès de l'ordre du Temple est une affaire judiciaire internationale du XIVe siècle. L'ordre du Temple est accusé en 1307 par la royauté française de plusieurs chefs d'accusation comprenant l'hérésie, la simonie, la sodomie et l'idolâtrie. Cette affaire prend une ampleur particulière car elle met en cause un ordre militaire composé de religieux et également parce qu'elle est une des conséquences de la lutte entre le roi de France Philippe IV Le Bel et le pape Clément V. L'affaire débute au matin du 13 octobre 1307, et se termine avec la bulle papale Considerantes dudum fulminée par Clément V le 6 mai 1312 et la mort du maître de l'ordre Jacques de Molay sur le bûcher le 11 ou 18 mars 1314. Les biens de l'ordre sont dispersés dans les années qui suivent, notamment le 10 juin 1317 lorsque le pape Jean XXII reconnait par la bulle papale Ad fructus uberes l'existence de l'Ordre de Montesa dans le royaume d'Aragon, ainsi que le 14 mars 1319 en ce qui concerne l'Ordre du Christ dans le royaume du Portugal.

mardi 25 novembre 2014

Le livre du mardi - O livro da terça feira (16)

LA CONDITION HUMAINE



La Condition humaine est un roman d'André Malraux publié en extraits dans La Nouvelle Revue française et dans Marianne, et en volume aux éditions Gallimard en 1933. Le roman, avec le soutien actif de Gaston Gallimard, obtient le prix Goncourt à la fin de la même année grâce à la double voix du président du jury, J.-H. Rosny aîné, alors qu'il reçoit cinq voix contre cinq à Le roi dort de Charles Braibant. En 1950, ce roman fut inclus dans la liste du Grand prix des Meilleurs romans du demi-siècle. Il est le troisième et ultime volet de la trilogie asiatique d'André Malraux précédé par Les Conquérants et La Voie Royale, publiés respectivement en 1928 et en 1930.

Contexte historique

En mars 1927, l'Armée révolutionnaire du Kuomintang sous le commandement de Tchang Kaï-Chek est en marche vers Shanghai. Afin de faciliter la prise de la ville, dont le port représente un important point stratégique, les cellules communistes de la ville préparent le soulèvement des ouvriers locaux. Mais inquiet de la puissance de ces derniers et gêné dans sa quête de pouvoir personnelle, Tchang Kaï-Chek se retourne contre les communistes. Aidé en cela par les Occidentaux occupant les concessions, qui espèrent l'éclatement du Kuomintang, et les milieux d'affaires chinois, il fait assassiner le 12 avril 1927 des milliers d'ouvriers et dirigeants communistes par la Bande Verte, une société criminelle secrète.


Résumé

La Condition humaine relate le parcours d'un groupe de révolutionnaires communistes préparant le soulèvement de la ville de Shanghaï. Au moment où commence le récit, le 21 mars 1927, communistes et nationalistes préparent une insurrection contre le gouvernement.
Pour s'emparer de sa cargaison, Tchen poignarde un trafiquant d'armes. Kyo et Katow, soutenus par le baron Clappique, peuvent alors distribuer le fret aux combattants clandestins. L'insurrection a lieu le lendemain, et ils remportent facilement la victoire grâce à une population qui leur est alliée contre la police. D'un autre côté, le capitaliste Ferral convainc le milieu des affaires de se rallier au général Tchang Kaï-chek, sur le point d'envahir la ville. La victoire remportée, ce dernier se tourne contre les communistes, suivant l'accord passé avec Ferral et sauvant par là-même les actions de celui-ci ; il exige des rouges qu'ils rendent leurs armes. En réaction, Kyo part consulter le Komintern à Han Kéou, ville située un peu plus au nord, mais Moscou déclare préférer rester neutre et interdit tout nouveau soulèvement. Il revient sans plus savoir quoi faire, tandis que Tchen, que son premier meurtre a progressivement transformé en partisan de l'action directe, envisage l'assassinat de Tchang Kaï-chek.
Au milieu de la répression, Clappique apprend que lui et Kyo sont recherchés par la police. Cherchant en vain à prévenir ce dernier, il lui fixe rendez-vous. Mais lorsque Kyo et May s'y présentent, Clappique, qui jouait pour réunir l'argent nécessaire à son départ, est gagné par la frénésie du jeu et ne veut plus penser à eux. Le couple, ne prêtant plus attention à l'avertissement du baron, est arrêté. Clappique intercède auprès de la police pour libérer Kyo, mais ne parvient qu'à aggraver la situation. Parallèlement, Tchen qui avait déjà tenté d'assassiner le général Tchang Kaï-chek, comprend qu'il est nécessaire d'envisager un attentat-suicide pour avoir plus de chance de succès et pour affirmer son désir d'élever l'attentat individuel en méthode privilégiée, accomplissement, selon lui, de la vraie nature de l'engagement. Hélas, il se jette sous une voiture-leurre, destinée à protéger le général de gens comme lui. D'un autre côté, Hemmelrich, après avoir découvert le meurtre sauvage de sa famille et constaté qu'il était désormais libre de dépasser sa condition d'homme, se joint à Katow pour lutter contre le général.
La fin du récit voit Kyo et plusieurs de ses compagnons emprisonnés. Kyo se suicide au cyanure. Cependant, Katow décide d'affronter la torture et offre sa dose de cyanure à d'autres captifs. May, Clappique, Gisors, ainsi que Hemmelrich parviennent quant à eux à s'en sortir, plus principalement Ferral qui va échouer à Paris auprès des banques et du gouvernement dans son désir de sauver le Consortium chinois dont il est le directeur.


Analyse

La singularité du roman réside en ce qu'il fait coexister la conscience de l'absurde avec la certitude de pouvoir triompher de son destin, grâce à l'engagement dans l'Histoire. En ce sens, l'œuvre de Malraux se démarque de celle d'un Drieu La Rochelle, par exemple, qui ne parvient pas à dépasser la crise. Une certaine discontinuité présente dans la composition du roman, analogue à la technique des plans utilisée au cinéma, se retrouve aussi au niveau de la phrase et du style, souvent heurté. Rompant avec cette écriture abondante et dense qui était le propre du roman traditionnel, Malraux invite ainsi le lecteur à recomposer activement le sens de l'œuvre. Il est aussi, surtout, un roman précurseur, anticipant les désordres, il précède les romans d'après guerre français le mouvement des existentialistes. Le texte est très riche de "perles", de découpage demandant une lecture à plusieurs niveaux, ce qui en fait une œuvre majeure de langue française, comme un roman d'anticipation, en étroite harmonie avec son temps, où l'écrivain Malraux ne peut qu'écrire. Écrire pour survivre à son époque, il incarne aussi la rencontre de l'Orient et l'Occident, la fin d'un capitalisme colonialiste (Ferral), la naissance de nouvelles bases fondées sur la perte, le désenchantement sans pour autant tomber dans le désespoir.

lundi 24 novembre 2014

La musique du lundi - A música da segunda feira (16)

LE SUD




C´est un endroit qui ressemble à la Louisiane
A l´Italie
Il y a du linge étendu sur la terrasse
Et c´est joli

On dirait le Sud
Le temps dure longtemps
Et la vie sûrement
Plus d´un million d´années
Et toujours en été.

Il y a plein d´enfants qui se roulent sur la pelouse
Il y a plein de chiens
Il y a même un chat, une tortue, des poissons rouges
Il ne manque rien

On dirait le Sud
Le temps dure longtemps
Et la vie sûrement
Plus d´un million d´années
Et toujours en été.

Un jour ou l´autre il faudra qu´il y ait la guerre
On le sait bien
On n´aime pas ça, mais on ne sait pas quoi faire
On dit c´est le destin

Tant pis pour le Sud
C´était pourtant bien
On aurait pu vivre
Plus d´un million d´années
Et toujours en été.

(Nino Ferrer)

vendredi 21 novembre 2014

Le film du vendredi - O filme da sexta feira (15)

LE PETIT NICOLAS


Le Petit Nicolas est une comédie familiale française réalisée par Laurent Tirard sur son scénario coécrit avec Grégoire Vigneron et Alain Chabat d'après l'œuvre du même titre de René Goscinny et Jean-Jacques Sempé, mettant en scène Maxime Godart dans le rôle-titre ainsi que Kad Merad et Valérie Lemercier dans les rôles de ses parents, produite par Fidélité Films pour 22 millions d'euros. Ce film est sorti le 30 septembre 2009, attirant 5,52 millions de spectateurs en France et 2,02 millions de spectateurs à l'étranger. Cette même année 2009 représente le cinquantième anniversaire de la création du Petit Nicolas.
Les Vacances du Petit Nicolas, la suite du film, est sorti le 9 juillet 2014.


Synopsis

Nicolas mène l'existence tranquille et idyllique d'un petit garçon comme les autres. Ses parents l'aiment tendrement, lui et sa bande de copains extraordinaires s'amusent beaucoup et se livrent à toutes sortes de bêtises jusqu'à ce fameux jour où il croit comprendre que sa mère est enceinte. La détresse s'installe et Nicolas imagine déjà la situation à venir : un petit frère va prendre sa place, et ses parents ne vont plus s'occuper de lui.


Trailer (en français sous-titré en portugais) :



(Le casting du film)

jeudi 20 novembre 2014

Le lieu du jeudi - O lugar da quinta feira (15)

LA CATHÉDRALE DE CHARTRES


La cathédrale Notre-Dame de Chartres est le monument emblématique de la préfecture du département d'Eure-et-Loir, située à quatre-vingts kilomètres au Sud-Ouest de Paris. Elle est considérée comme la cathédrale gothique la plus représentative, la plus complète ainsi que la mieux conservée de par ses sculptures, vitraux et dallage pour la plupart d'origine, bien qu'elle soit construite avec les techniques de l'architecture romane montrant ainsi la continuité et non la rupture entre ces deux types d'architecture.
L'actuelle cathédrale, de style gothique dit « lancéolé », a été construite au début du xiiie siècle, pour la majeure partie en trente ans, sur les ruines d'une précédente cathédrale romane, détruite lors d'un incendie en 1194. Grand lieu de pèlerinage, elle domine la ville de Chartres et la plaine de la Beauce, se dévoilant au regard à plus de dix kilomètres de distance.
L’édifice fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques de par son recensement sur la liste de 1862. Par ailleurs, il a été parmi les premiers monuments classés au patrimoine mondial par l'UNESCO en 1979.

Histoire

Les édifices précédents

La tradition chrétienne évoque une ancienne grotte occupée par des druides carnutes cent ans avant l'incarnation de Jésus-Christ ainsi qu'une statue de déesse mère qui aurait servi de sanctuaire aux premiers chrétiens, à l'époque romaine. Cette légende dite de « la Vierge devant enfanter », la statue portant en effet l'inscription Virgini pariturae, élaborée vers 1420 par Jean de Gerson et popularisée au xviie siècle par l'avocat au Parlement de Paris Sébastien Roulliard, expliquerait l'ancienneté du culte marial à Chartres. Ce mythe des druides qui s'est développé pendant des siècles à partir de compilations, s'est progressivement incorporé dans l'historiographie ecclésiastique locale qui en a donné toutes les apparences de la vérité historique. Cette « Vierge devant enfanter » fut par la suite vénérée dans la chapelle de Notre-Dame de Sous-Terre à l’intérieur de la crypte, sous la forme d'une statue d'origine romane et qui fut à l'origine de nombreux pèlerinages, attirant notamment Louis XIV, saint Vincent de Paul ou François de Sales.
Le lieu le plus ancien de la cathédrale est le puits de la crypte, dit puits des Saints Forts, autrefois « Lieux Forts », qui fut comblé et dont l’emplacement caché au milieu du xviie siècle fut retrouvé, dégagé et restauré au début du XXe siècle par René Merlet. Réputé pour être d'époque celtique, ce puits votif, était l’objet d’offrandes et était alimenté par une source circulant sous la cathédrale. Les sanctuaires chrétiens étant parfois construits sur de précédents lieux de culte païens, il est associé à de nombreuses légendes liées à la grotte druidique. Sa profondeur, à partir du sol de la crypte dite caveau de Saint-Lubin, est d'environ 33,55 mètres. Le fond est un carré, orienté aux quatre points cardinaux. René Merlet précise que « le puits passe de la forme circulaire à la forme carrée, mais ce carré est exactement inscrit dans le cercle. Vers le fond, par suite d'un ressaut de 0,10 m dans les parois, le puits ne mesure plus qu'un mètre en tous sens. »
La construction de la première cathédrale eut lieu vers 350. Elle est appelée « cathédrale d'Aventin », du nom du premier évêque de la ville. Elle fut vraisemblablement édifiée au pied des murs gallo-romains qui entouraient la ville. Cette première cathédrale fut incendiée en 743 ou 753 par les troupes de Wisigoths du duc d'Aquitaine et de Vasconie Hunald Ier, lors du sac de la ville. Un deuxième sanctuaire fut alors construit, son plan conservé montrant un doublement de la largeur de la nef. Le 12 juin 858, cette deuxième cathédrale fut détruite par les pirates Vikings danois. L'évêque Gislebert reconstruisit un édifice plus grand. De ce dernier, il subsiste probablement certaines parties de l'actuel martyrium, appelé chapelle Saint-Lubin.
En 876, le roi Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne fit don à la cathédrale de la sainte relique connue sous le nom de « Voile de La Vierge » ou « Sainte Tunique ». Cet événement devait faire de Chartres un sanctuaire de premier plan. Le 5 août 962 cette troisième cathédrale fut à son tour incendiée pendant la guerre qui opposa Richard Ier, duc de Normandie, au comte de Chartres, Thibault le Tricheur. Ce désastre eut lieu sous l'épiscopat d'Hardouin qui en mourut de douleur huit jours après selon le nécrologe de la cathédrale. Un quatrième édifice lui succéda. Les 7 et 8 septembre 1020, cet édifice fut à son tour accidentellement ravagé par le feu à cause de la foudre. L'évêque Fulbert releva l'église de ses ruines, en style roman. L'église basse, telle que nous la connaissons actuellement fut construite entre 1020 et 1024. La dédicace de cette cinquième cathédrale eut lieu le 17 octobre 1037. L'évêque Fulbert était décédé en 1029.

(Le parcours du pénitent, Le Labyrinthe)

Construction de la cathédrale actuelle

Le 5 septembre 1134, la ville de Chartres fut presque entièrement détruite par un incendie. La cathédrale romane de Fulbert fut épargnée. De 1134 à 1160, profitant de l'espace libéré en avant de la nef, la façade occidentale fut construite. Puis les travaux de la tour Nord débutèrent en 1142 et s’achevèrent vers 1150, donnant lieu à l'édification du portail royal avec son ensemble sculpté. L’érection de la tour Sud, appelée actuellement « clocher vieux », commença en 1145. La construction s'acheva avec celle de sa flèche vers 1160. La tour Nord, appelée « clocher neuf », ne comportait à l'origine que deux niveaux. Elle fut couverte en charpente et plomb jusqu'en 1506, date à laquelle un incendie provoqué par un orage la détruisit. Jehan de Beauce élabora le clocher actuel en se servant des vestiges et en élevant la flèche octogonale à 115 m de haut.
Le 11 juin 1194 eut lieu un nouvel incendie qui n'épargna que les cryptes, la façade occidentale et les tours. Le Voile de la Vierge avait été providentiellement mis à l'abri dans le martyrium dit « chapelle de Saint Lubin » par des clercs. Après deux ou trois jours de déblayage, les sauveteurs et la relique furent retrouvés. En réchappèrent plusieurs parties nouvellement construites aussitôt réutilisées dans le nouveau projet. Les deux tours furent épargnées et ne subirent que des dégats mineurs. Le portail occidental fut conservé ainsi que les trois baies de vitraux le surplombant. Un autre vitrail, « Notre-Dame de la belle verrière », fut aussi sauvé de l'incendie avant d'être remonté dans le déambulatoire.
La réédification de la cathédrale, sous la forme que nous connaissons aujourd’hui, débuta immédiatement. Certains architectes sont de nos jours connus, mais il faut prendre en compte une succession de maîtres d’œuvre venus d'autres chantiers contemporains. Toutefois force est de constater l'extrême rapidité du chantier et ce sans rupture de financement. Dès les années 1220-1225, les chanoines s'installent dans leurs stalles, les voûtes étant terminées. Il faudra par contre plusieurs décennies pour compléter les pignons du transept, tout le gros œuvre, hormis les porches et les pignons, étant achevé en une trentaine d'années (1194-1225). En 1240, les vitraux étaient déjà réalisés et la consécration solennelle eut lieu le 24 octobre 1260.
La cathédrale a été construite par des ouvriers spécialisés, appelés compagnons, réunis en confréries ou fraternités. Ces derniers, payés à la tâche, ont parfois laissé sur les pierres quelques signes gravés, les marques de tâcheron qui sont leurs signatures.


Le sacre d'Henri IV

Henri IV fut le seul roi de France sacré dans cette cathédrale et non pas à Reims, comme le voulait la coutume. Reims et Paris étaient en effet tenus par l'armée de la Ligue catholique, qui opposaient leur résistance au roi à cause de sa religion protestante. Il annonce sa conversion lors des conférences de Suresnes en mai 1593, abjure la foi protestante et se convertit dans l'abbatiale de Saint-Denis le 25 juillet 1593. Arrivé le 17 février à Chartres où il passe ses journées en prières et en recueillement, il se fait sacrer roi de France dans la cathédrale de Chartres le 27 février 1594 : après s'être vêtu d'une chemise blanche, ouverte devant et derrière pour permettre l'onction, et d'une cape en satin cramoisi, il entre solennellement dans la cathédrale, non pas selon la légende sur son cheval, mais à pied.
La cérémonie se déroule dans le chœur, le peuple ne pouvant la voir à cause du jubé. Invité à prononcer les serments solennels, l'un à l'Église l'autre au peuple, il subit les rituels de l'adoubement avec les éperons et l'épée, puis celui de l'onction avec la Sainte Ampoule. Celle de la cathédrale de Reims nécessaire au sacre, étant non accessible, elle fut substituée par l'ampoule de l'Abbaye de Marmoutier, près de Tours. Les évêques le revêtent de la tunique représentant le sous-diacre, de la dalmatique représentant le diacre, puis l'officiant lui remet les regalia. À la fin de ce rituel, le roi et l'évêque s'installent sur le jubé afin que le prélat célèbre la messe et que le peuple puisse y participer. Après la messe du sacre, un cortège se dirige vers l'évêché, sous les « Vive le Roi » de la foule, pour un immense banquet.


Le classement comme Patrimoine mondial

La cathédrale de Chartres a été classée en 1979 comme Patrimoine mondial par l'UNESCO aux trois motifs suivants :
Représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain « Construite assez rapidement et presque d’un seul jet, la cathédrale de Chartres constitue, par l’unité de son architecture et de sa décoration, l’expression totale et achevée d’un des aspects les plus unanimes du Moyen Âge chrétien ».
Témoigner d’un échange d’influences considérable… « La cathédrale de Chartres a exercé une influence considérable sur le développement de l’art gothique en France et hors de France ».
Offrir un exemple éminent d’un type de construction… « La cathédrale de Chartres est à la fois un symbole et un édifice type : l’exemple le plus éclairant que l’on puisse choisir pour élucider la réalité culturelle, sociale et esthétique de la cathédrale gothique ».

mercredi 19 novembre 2014

Le personnage du mercredi - A personagem da quarta feira (15)

LOUIS IX (SAINT LOUIS)




Louis IX, dit « le Prudhomme », plus connu sous le nom de Saint Louis depuis sa canonisation par l'Église catholique en 1297, est très probablement né à Poissy, le 25 avril 1214, et mort à Tunis le 25 août 1270. Considéré comme un saint de son vivant, il est le 44e roi de France, pays sur lequel il règne pendant plus de 43 ans. Neuvième roi de France issu de la dynastie des Capétiens directs, il est le énième enfant et quatrième fils connu du roi Louis VIII, dit « Louis le Lion » et de la reine Blanche de Castille, de laquelle il reçoit une éducation très stricte et très pieuse durant toute son enfance. Aîné des membres survivants de sa fratrie, il hérite de la couronne à la mort de son père, alors qu'il n'est âgé que de douze ans. Il est alors sacré le 29 novembre 1226 en la cathédrale de Reims, mais c'est la reine mère qui, conformément au testament de Louis VIII, exerce la régence du royaume jusqu'à la majorité du nouveau monarque.
Devenu adulte, Louis IX se soucie de l'extension du domaine royal, auquel il rattache les comtés de Blois, de Chartres et de Sancerre, ou encore la Normandie, le Maine, la Provence et le Languedoc. Mais il ne se contente pas de régler les affaires intérieures : réputé juste et diplomate, il est régulièrement sollicité par les différentes monarchies d'Europe qui font appel à lui en tant que juge. Il mène un règne inspiré des valeurs du christianisme qui contribue à fonder l’idée que les pouvoirs spirituel et politique peuvent être incarnés par un seul homme. Il atténue les excès de la féodalité au profit de la notion de bien commun et développe la justice royale où le souverain apparaît comme « le justicier suprême».


Louis IX est un roi réformateur qui veut léguer un royaume dont les sujets seront soumis à un pouvoir juste ; il renouvelle la « Quarantaine-le-roi », introduit dans le pays des baillis et des prévôts, ordonne la présomption d'innocence, interdit l'ordalie et institue la supplicatio, consistant à pouvoir faire appel au roi afin de solliciter l'amendement d'un jugement. Offrant aux Français une monnaie unique, il est l'instigateur des institutions qui deviendront le Parlement et la Cour des Comptes.
Très pieux et souhaitant conduire ses sujets vers le Salut, il décide de punir le blasphème, les jeux d'argent, les prêts à intérêts et la prostitution ; il se procure des reliques du Christ pour lesquelles il fait construire la Sainte-Chapelle ; il tente également de convertir de gré ou de force les Juifs de France. À cette fin il finit par leur imposer diverses mesures, dont le port de la rouelle et le brûlement du Talmud. Conformément à son vœu prononcé à la suite d'une grave maladie, puis confirmé à la suite d'une guérison qu'il considère comme miraculeuse, Saint Louis part se battre avec ses frères Robert d'Artois, Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou, tout d'abord en Égypte lors de la septième croisade, puis en Tunisie lors de la huitième croisade, au cours de laquelle il meurt de la dysenterie. Aujourd'hui vu comme un monarque ayant offert à la France un renouveau économique, intellectuel et artistique, il est considéré comme l'un des trois grands Capétiens directs avec son grand-père Philippe Auguste et son petit-fils Philippe IV le Bel .

 (Gravure de Saint Louis rendant la justice sous un chêne)

Conflit entre Capétiens et Plantagenêt

Le conflit opposant les dynasties des Capétiens et des Plantagenêt couvre une période de 100 ans (1159 à 1259), pendant laquelle s’affrontent le Royaume de France et l'Empire Plantagenêt. Ce conflit est aussi appelé par certains historiens, la « première Guerre de Cent Ans ». Mais il s'agit d'un conflit entre Français, les deux dynasties étant françaises, les nobles qui composent l'armée anglaise étant essentiellement d'origine française, les troupes d'infanteries (fantassins) anglaises étant essentiellement recrutées localement en France (Anjou, Guyenne, Normandie, Bretagne etc.), les possessions françaises continentales du souverain "anglais" étant plus importantes que ses possessions insulaires, et considérablement plus importantes que celles du souverain "français", même si celui-ci est le suzerain du roi d'Angleterre pour la plus grande partie des possessions qu'il détient sur le continent. Et la langue officielle des deux belligérants est le français de l'époque. Le français demeurera d'ailleurs la langue officielle de l'Angleterre jusqu'en 1361. D'où les expressions que l'on trouve encore de nos jours sur les blasons et armoiries de la monarchie anglaise "Honni soit qui mal y pense" et "Dieu et mon droit". Les rois "anglais", mais français d'origine, viendront prendre femme en France, du xie au xve siècle. Très rares étant ceux qui épouseront une femme d'un autre pays, y compris pour les dynasties dérivées. Si bien que rois anglais, mais français d'origine, épousant une noble française, engendreront des rois "français" sur le trône anglais. Ce ne sera pas le cas des rois de France, contraints par les lois de non-consanguinité de l'Église, d'aller chercher leurs épouses jusqu'au Danemark ou à Kiev.

(Mort de Saint Louis devant Tunis, 25 aouût 1270)

La guerre commence en 1159 lorsque les armées de l'Angevin Henri II d'Angleterre entrent dans Périgueux. Le roi d'Angleterre a décidé d'agrandir encore ses possessions dans le Sud-Ouest en annexant le comté de Toulouse qui comprend, entre autres, le Quercy.
À partir de 1170, Aliénor d'Aquitaine, pourtant toujours épouse d'Henri II, lui dispute territoires et légitimité au trône en soulevant contre lui ses propres fils.
Cette guerre est aussi la lente conquête par les Capétiens de leur royaume. En effet, le pouvoir royal réel du roi de France est encore peu étendu, alors même que la suzeraineté de cette dynastie s'étend bien au-delà du petit royaume d'Île-de-France. Elle s'étend sur presque tout le territoire de France, jusqu'aux marches de l'Empire Romain Germanique, (Seine/Morvan/Vallée du Rhone) à l'Est.

mardi 18 novembre 2014

Le livre du mardi - O livro da terça feira (15)

GARGANTUA



La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruélisme, ou plus simplement Gargantua, est le deuxième roman de François Rabelais écrit en 1534. D’une structure comparable à celle de Pantagruel (1532), mais d’une écriture plus complexe, il conte les années d’apprentissage et les exploits guerriers du géant Gargantua. Plaidoyer pour une culture humaniste contre les lourdeurs d’un enseignement sorbonnard figé, Gargantua est aussi un roman plein de verve, d’une grande richesse lexicale, et d’une écriture souvent crue.

Rabelais a publié Gargantua sous le même pseudonyme que Pantagruel : Alcofribas Nasier (anagramme de François Rabelais) Abstracteur de Quintessence.

 (Portrait de Rabelais)
Origines

Le Gargantua mythique

En 1532 est publiée une œuvre anonyme, Les grandes et inestimables chroniques : du grand et énorme géant Gargantua.
Il reprend un ancien fonds qui transparaît dans d’innombrables traditions populaires. Derrière le géant truculent et glouton se cacherait une très ancienne divinité gauloise nommée Gargan, apparemment bienveillante, dont l'apparition remonte peut-être, comme l’édification des pierres dressées, à une époque antérieure à celle des Celtes, comme le dit G. E. Pillard dans Le vrai Gargantua. Mythologie d’un géant. Déjà George Sand relevait, dans Les Légendes Rustiques : « je croirais que Gargantua est l’œuvre du peuple et que, comme tous les grands créateurs, Rabelais a pris son bien où il l’a trouvé. » Gargantua y est appelé le Fay et comme toutes les Fées - Morgane la Fée est dite sa marraine - il a la maîtrise des formes et se transforme tout particulièrement en Dragon, ce qui le rattache à la vouivre représentant les énergies telluriques. Henri Dontenville et Henri Fromage lui attribuent cette dimension de « dragon ».
Gargantua peut être vu par le peuple comme la personnalisation d’une énergie gigantesque, mais bienfaisante qui ordonne le chaos primordial. Dans ses voyages, il modifie les paysages en laissant tomber le contenu de sa hotte. Les dépâtures de ses souliers donnent collines et buttes, ses déjections forment des aiguilles et ses mictions des rivières ! Beaucoup de mégalithes sont des palets de Gargantua appelés chaise, fauteuil, écuelle… C’est une énergie non consciente, mais orientée reconnue comme bienfaisante. Les pierres de Gargantua donnent lieu à des cultes de fécondité et sa troisième jambe est célèbre ! Voir en cela le géant de 54 mètres gravé sur la pente de Cerne Abbas dans le Dorset en Grande-Bretagne. C’est une divinité phallique qui sera aussi représentée sous forme anguipède, avec parfois une tête de bélier.

(Naissance de Gargantua) 

Le christianisme le diabolisa en baptisant les lieux, gouffres, chaos rocheux, pierres dressées dits de Gargantua en lieux, gouffres, chaos, pierres du diable. Dans le même temps, il est christianisé en saint Gorgon qui le remplace pour le culte de la fécondité, comme à Rouen. Le Mont Saint-Michel était un ancien lieu de culte à Gargantua et l’îlot Tombelaine serait la sépulture de Gargamelle. Beaucoup de monts Gargans ont, comme lui, un rapport avec l’Archange saint Michel, ainsi en est-il à Rouen du quartier encore appelé Mont Gargan et, sur les hauteurs de la côte Sainte-Catherine, se trouve un prieuré Saint-Michel. L’église Saint-Paul du Neubourg, dans l’Eure possède un vitrail intitulé « Le triomphe de Saint-Michel » et la scène du bas représente « Comment Saint-Michel apparu à l’évêque Sipoim au Mont Gargan ». Le plus beau sommet du bas Limousin (732 m), à proximité de Limoges, porte le nom de mont Gargan (Gergan en occitan). À Bordeaux, sur la porte sud de l’église Saint-Michel, figure le miracle du mont Gargan. Il existe encore en France d’autres monts Gargan, près de Neufchâtel-en-Bray, à Haudivillers près de Beauvais, en Tarentaise, à Saffré en Loire-Atlantique, sur le causse Méjean…, sans compter les rivières Gargas, Gargelle ou Jarjattes, les grottes comme la grotte préhistorique de Gargas, célèbre pour les traces de mains qu’on y trouve. Nostradamus, dans Centuria IX, quatrain 62, lie mont Gargan et apparitions de saint Michel. Enfin, le Monte Gargano des Pouilles italiennes est devenu également un haut-lieu de saint Michel.


Il est tout à fait vraisemblable que ces toponymes soient des rappels de ce géant populaire sur tout le terroir français.