LOUIS
XI
Louis XI, dit le Prudent, né le 3 juillet 1423 à Bourges, mort le
30 août 1483 (à 60 ans) au château du Plessis-lez-Tours (commune de La Riche,
Indre-et-Loire), fut roi de France de 1461 à 1483, sixième roi de la branche
dite de Valois (Valois directs) de la dynastie capétienne. Son intense activité
diplomatique, perçue par ses adversaires comme sournoise, lui valut de la part
de ses détracteurs le surnom d’« universelle aragne ».
Son règne voit le rattachement de plusieurs grandes
principautés mouvantes au domaine royal par des moyens parfois violents :
territoires mouvants du duché de Bretagne (1475, Traité de Senlis), des ducs de
Bourgogne (1477, confirmé en 1482 par le traité d'Arras avec Maximilien Ier de
Habsbourg), Maine, Anjou, Provence et Forcalquier en 1481, par la mort sans
héritier de Charles V d'Anjou, et une partie des domaines de la maison
d'Armagnac, qui, brisée par l'affrontement avec le pouvoir royal, s'éteignit
peu après.
La ligne directrice de sa politique fut constituée par le
renforcement de l'autorité royale contre les grands feudataires, appuyée sur
l'alliance avec le petit peuple. Il défendit ainsi les paysans vaudois du
Valpute contre l'inquisition épiscopale, en Dauphiné. La vallée de la Vallouise
fut ainsi rebaptisée en son honneur. Alors que l'évêque tombé en disgrâce
Thomas Basin développa la légende noire du roi (tyran laid, fourbe et cruel,
enfermant ses ennemis dans les « fillettes »), le décrivant dans son Histoire
de Louis XI comme un « fourbe insigne connu d’ici jusqu’aux enfers, abominable
tyran d’un peuple admirable », le « roman national » édifié par les historiens
du xixe siècle en a fait un « génie démoniaque » père de la centralisation
française.
Sagesse de Louis XI
Certes, il écoutait parfois de mauvais conseils.
Cependant, il est certain qu'il s'agissait de l'un des rois de France les plus
prudents, comme Charles V le Sage.
Traité de Péronne
Certains historiens ont tendance à accuser Louis XI sous
prétexte qu'il rompit le traité de Péronne. En fait, le roi établit tout d'abord
une assemblée de princes et juristes du Grand Conseil et du Parlement, présidée
par Jean de la Driesche, président de Chambre des comptes et ancien fidèle de
Charles le Téméraire. Elle dénonça que le roi avait accepté le traité sous la
contrainte. Puis, l'assemblée de Tours décida d'ajourner le duc de Bourgogne
devant le Parlement, et elle envoya un huissier à Gand afin de notifier la
citation. Le duc Charles s'abstint de comparaître. Le 3 décembre 1470, le roi
de France déclara la trahison et le parjure du duc. La procédure juridique
était respectée.
Diplomatie, moins chère
En 1475, après avoir toujours coupé le ravitaillement,
mais sans bataille, il acheta le rembarquement de l'armée royale d'Angleterre
en dépensant 75 000 écus d'or, ainsi que 50 000 écus de pension annuelle pour
sept ans, soit 425 000 écus. Jean Favier souligne : « On n'a pas fait assez
attention au calcul : pour lourde qu'elle soit, l'indemnité ainsi versée au
Trésor anglais [75 000 écus] est à peu près ce que coûterait une année de
guerre si la guerre de Cent Ans reprenait pour cent ans. » En outre, le
commerce entre les deux pays permettait de récupérer un peu de montant.
(Louis XI, tapisserie)
Préparé, mais il attendait
Le 24 juillet 1476 à Lyon, seulement deux jours après la
bataille de Morat, le roi reçut la nouvelle. Sitôt, il expédia une lettre au
grand maître, chef de guerre : « Je vous pri, faictes tousjours tenir voz gens
prestz, mais ne commances riens, et que voz gens n'entrepreigne chose par quoy
on puisse dire que la treve ait este rompue. » En soutenant d'autres armées,
Louis XI ne fit pas combattre jusqu'à ce que Charles le Téméraire meure l'année
prochaine.
Mission accomplie
Sa propre sœur Yolande de France, mais sympathisante du
duc de Bourgogne, fut cependant enlevée par ce dernier après la bataille de
Morat, et était enfermée dans le château de Rouvres. En septembre 1476, le roi
décida d'y envoyer confidentiellement Charles Ier d'Amboise et deux cents
lances. Ce gouverneur était non seulement son meilleur militant mais aussi un
excellent diplomate. Aussitôt que la duchesse de Savoie eut été libérée, le roi
envoya une lettre au duc de Milan, bien entendu, en raison de la trêve : « Elle
avoit envoye devers le gouverneur de Champaigne lui prier qu'il lui envoyast
des gens, mais il y est alle en personne. »
(Louis XI à Angers par Jules Dauban)