CHARLES V DE
FRANCE
Charles V, dit « Charles le Sage » (21 janvier 1337 - Vincennes,
16 septembre 1380 - Beauté-sur-Marne), est roi de France de 1364 à 1380. Son
règne marque la fin de la première partie de la guerre de Cent Ans : il réussit
à récupérer la quasi-totalité des terres perdues par ses prédécesseurs,
restaure l'autorité de l'État et relève le royaume de ses ruines.
Il est très instruit et est connu pour avoir fondé la
première librairie royale, ancêtre de la Bibliothèque nationale de France.
Il est, un temps, proche du mouvement réformateur. En
1357, il se retrouve à la tête d'une monarchie contrôlée, alors que son père
Jean le Bon est prisonnier des Anglais. Bien que confronté aux ambitions de
Charles de Navarre et aux manœuvres d'Étienne Marcel, il sauve la couronne des
Valois alors que le pays sombre dans la guerre civile. Sacré en 1364, il
restaure l'autorité royale en la fondant sur l'État de droit et en poursuivant
la politique de monnaie forte instaurée par les conseillers de son père. Ce
faisant, un parallèle s'établit entre son règne et celui de saint Louis, qui
reste la référence du bon gouvernement pour l'époque.
(Grand Schisme en Europe)
Il formalise la décentralisation du pouvoir par la
politique des apanages sur lesquels il garde autorité en les finançant grâce à
l'instauration d'impôts durables. Ces nouvelles ressources lui permettent de
doter la France d'une armée permanente qui, associée aux armées de ses frères,
permet de se débarrasser des Grandes Compagnies qui ruinent le pays, puis de vaincre
les Anglais. Cette victoire est aussi acquise par les succès diplomatiques
qu'il obtient en retournant les vassaux gascons favorables à l'Angleterre et en
isolant celle-ci du reste de l'Europe. Cette reconquête s'effectue en grande
partie en encourageant le sentiment national naissant, transformant les Anglais
en envahisseurs.
Son règne est enfin marqué par le grand Schisme
d'Occident, qu'il n'a pas pu ou voulu empêcher.
(Statue de Charles V)
Aspect physique et personnalité
Portant les séquelles d'une maladie de jeunesse contractée
en 1349, il n'est pas si chétif qu'on l'a écrit (73 kg en 1362 après une longue
maladie et 77,5 kg en 1368), mais sa santé fragile l'écarte des tournois et des
champs de bataille : sa main droite est si enflée qu'il ne peut manier d'objets
pesants. Il n'en a pas moins un sens aigu de la majesté royale. Il a l'esprit
vif, et il est proprement machiavélique : sa biographe Christine de Pisan le
décrit « sage et visseux » (retors) et Jean de Gand le qualifie de « royal
attorney ». Son tempérament tranche avec celui de son père Jean le Bon, dont la
grande sensibilité se traduit par des explosions de colères non contenues, et
qui ne s'entoure que de personnes avec lesquelles il a des liens d'amitié. Très
tôt, la mésentente est manifeste entre père et fils aux personnalités si
dissemblables.
(Sacre en 1364)
Charles V est très instruit : Christine de Pisan le
décrit comme un intellectuel accompli maîtrisant les sept arts libéraux. C'est
aussi un roi très pieux. Sa dévotion l'aide à supporter les épreuves, le sort
s'acharnant longtemps à ne pas lui donner d'héritier, et étant sujet à de
nombreux problèmes de santé devant lesquels la médecine de l'époque reste
démunie. Il soutient notamment l'expansion de l'ordre des Célestins.
Comme son père Jean le Bon, Charles V manifeste un vif
intérêt pour la Bible. Il lit la Bible entière dans l'année à raison de
quelques pages chaque jour. À une époque où les exemplaires de la Bible en
français sont très rares, il fait réviser la traduction de la Bible en
français. Il distribue des exemplaires de la Bible dans différents dialectes à
plusieurs de ses seigneurs, afin de répandre le Livre saint dans les provinces
du Royaume. Ses successeurs ont conservé la bible dont il se servait pendant
plusieurs générations.
(Charles V, le sage)
Il est également adepte de l'astrologie et de diverses
sciences occultes. L'inventaire de sa bibliothèque en 1380 fait état de trente
ouvrages traitant de géomancie, et le septième des livres de sa bibliothèque
sont des ouvrages d'astronomie, d'astrologie ou d'art divinatoire. Cependant,
cela va à l'encontre de la doctrine de l'Église et de l'Université à l'époque
ainsi que celle de ses conseillers : ces croyances restent dans la sphère
privée du roi et n'interfèrent pas dans ses décisions politiques.
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