JEAN MOULIN
Jean Moulin, né le 20 juin 1899 à Béziers
(Hérault) et mort le 8 juillet 1943 à Metz (Moselle), est un haut fonctionnaire
(préfet de l'Eure-et-Loir) et résistant français.
En septembre 1941, il rejoint la France libre à Londres
en passant par l’Espagne et le Portugal. Il est reçu par Charles de Gaulle à
qui il fait un compte rendu de l’état de la Résistance en France et de ses
besoins, notamment financiers et en armement.
À l'issue de quelques entretiens, il est envoyé à Lyon
par Charles de Gaulle pour unifier les mouvements de la Résistance. Il est
arrêté à Caluire, dans la banlieue de Lyon, le 21 juin 1943 et conduit au siège
de la Gestapo. Il meurt dans le train qui le transporte en Allemagne peu avant
le passage de la frontière, le 8 juillet 1943. Son décès est enregistré en gare
de Metz.
Il dirigea le Conseil national de la Résistance durant la
Seconde Guerre mondiale. Il est souvent considéré comme l'un des principaux
héros de la Résistance. Il est nommé général de brigade à titre posthume lors
de la Libération, puis général de division en novembre 1946.
Un cénotaphe lui est dédié au Panthéon où se trouvent les
tombeaux des grands hommes de la République française. Son corps n'a jamais été
identifié avec certitude, et l'urne transférée au Panthéon ne contient que les
« cendres présumées de Jean Moulin ».
Le discours d’André Malraux
Le 19 décembre 1964, un discours solennel et émouvant fut
prononcé lors de la grande cérémonie officielle où André Malraux, ministre de
la Culture, fait entrer Jean Moulin au Panthéon des grands Hommes de la
République française. Il fait de lui à cette occasion « le symbole » de
l'héroïsme français, de toute la Résistance à lui seul en l'associant à tous
les Résistants français, héros de l'ombre, connus et inconnus, qui ont permis
de libérer la France au prix de leur souffrance, de leur vie, et de leur
idéologie de liberté. Ce discours composé et prononcé par André Malraux fait
partie des plus grands discours de la République française.
« Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège
d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton
terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé,
comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous
les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps
trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les
crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes,
avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des
nôtres. Entre, avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle — nos frères
dans l'ordre de la Nuit… »
C'est la marche funèbre des cendres que voici. À côté de celles de Carnot avec les soldats de l'an II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la Justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France... »
Ce discours légendaire fut suivi de façon magistrale et
grandiose par le chant des Partisans interprété par une grande chorale devant
le Panthéon.
Il fut prononcé dans des conditions rendant difficile la
prise de son (le vent soufflait fort) et fut notamment retransmis en direct
dans de nombreux lycées. Des enregistrements ont été réalisés, on peut
notamment l'écouter à l'audiothèque du centre Georges-Pompidou ainsi que sur le
site de l'INA.
Le manuscrit original de ce discours est conservé et
présenté au public au musée de l’Ordre de la Libération situé dans l'Hôtel des
Invalides à Paris aux côtés de la tenue de préfet de Jean Moulin, de son
chapeau, sa gabardine et son écharpe.
(Jean Moulin, symbole de la résistance)
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