LA
COMÉDIE HUMAINE
La Comédie humaine est le titre sous lequel
Honoré de Balzac a regroupé un ensemble de 93 ouvrages — romans, nouvelles,
contes et essais — de genre réaliste, romantique, fantastique ou philosophique.
Par cette œuvre colossale, Balzac veut faire une exploration systématique des
groupes sociaux et des rouages de la société afin de brosser une vaste fresque
de son époque, susceptible de « faire concurrence à l'état-civil » et de servir
de référence aux futurs historiens.
Le titre a été choisi par référence à la Divine Comédie de
Dante et n'apparaît que dans l'édition de 1842.
L’écriture s’échelonne de 1829 à 1850. Il répartit ses
récits en trois grands ensembles : Études de mœurs, Études philosophiques,
Études analytiques. Le premier de ces ensembles est le plus important et se
divise en six sections, explorant divers milieux sociaux et géographiques. À sa
mort, Balzac laisse de nombreuses ébauches, dont plusieurs ont été achevées et
publiées de façon posthume.
(Honoré de Balzac)
Genèse
Après avoir pendant sept ans espéré faire fortune en
produisant des ouvrages de littérature marchande qu'il signait sous des
pseudonymes — romans sentimentaux situés dans un cadre pseudo-historique et aux
intrigues bourrées d'invraisemblances —, Balzac s'oriente vers un nouveau genre
de roman. Le tournant commence avec Les Chouans (1829), dont il soigne
particulièrement le cadre géographique et historique, étant soucieux de vérité
au point d'aller vivre deux mois chez un militaire à la retraite à proximité du
théâtre de ce récit. Il s'attache ensuite à explorer les ressorts
psychologiques qui sont à la base des événements sociaux. Avec La Peau de
chagrin (1831), sa renommée commence à s'étendre au-delà des frontières,
suscitant l'intérêt de Goethe, qui en discute avec Eckermann à Weimar.
Dès ce moment, sa production littéraire se révèle d'une
fécondité remarquable, mais l'idée d'intégrer tous ces ouvrages dans une œuvre
unique ne lui viendra que plus tard. Après avoir publié plusieurs romans sous
le titre général de Scènes de la vie privée, il a l'idée, en juillet 1833,
d'ajouter les Scènes de la vie de province, puis les Scènes de la vie
parisienne et les Scènes de la vie de campagne, formant ainsi quatre ensembles
qui seraient regroupés sous le titre Études de mœurs au xixe siècle siècle.
Enthousiasmé par son projet, il accourt alors chez sa sœur, dont il était très
proche, en s'écriant : « Saluez-moi, car je suis tout bonnement en train de
devenir un génie. ». Et il déroule son plan en faisant les cent pas dans son
salon.
(Grandville, Balzac et les personnages de la Comédie humaine)
Ce n'est toutefois qu’en 1834 que lui vient l'idée de
relier entre eux ces récits de façon organique, en réutilisant des personnages
de récits précédents, faisant alors réapparaître dans Le Père Goriot l'ambitieux
Eugène de Rastignac. Cette décision majeure l'amènera à corriger des ouvrages antérieurs
afin de mieux les intégrer au grand projet.
Lors de la publication du Père Goriot, en 1835, le succès
de librairie est à la mesure de ses attentes et le comble de joie : « Le Père
Goriot fait fureur ; il n'y a jamais eu tant d'empressement à vouloir lire un
livre ; les marchands l'affichent d'avance. Il est vrai que cela est grandiose...
»
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